Ce billet se décompose en deux parties principales. Dans une première partie nous présentons les notions de cryptomonnaie en évitant d’entrer trop profondément dans les aspects techniques mais en explicitant les mots clés nécessaires pour percevoir le domaine. La deuxième partie est une réaction pour donner suite à l’annonce de FaceBook qui propose via un manifeste la création d’une nouvelle cryptomonnaie : le Libra.

I Les cryptomonnaies

Pour définir une cryptomonnaie :
– Une crypto-monnaie est une monnaie électronique supportée par un réseau informatique décentralisé (en pair à pair) et dont les transactions et l’émission reposent sur des algorithmes cryptographiques.
– Elle est virtuelle, fournit un système de paiement entre utilisateurs, permet également la rémunération ou l’échange de services.
– Elle ne peut pas être contrefaite ou usurpée.
– Elle ne dépend pas d’une banque centrale ou d’un état.
– Elle est autonome et décentralisée.
Le nombre d’unités en circulation et la masse monétaire maximale sont définis à l’avance dans le programme informatique et visibles par tous.
Il est recensé 1 500 monnaies différente, les plus connues:
2009 génération 1, le Token Bitcoins=> Bitcoins
2012 génération 2, les Ripple, Litecoin…
2015 génération 3, le Token Etherum=> Ether …
2017 génération 4, le Bitcoin Cash…
2020 génération 5, le Libra ?
A chaque cryptomonnaie est associée un dispositif logiciel appelé Blockchain. La blockchain est un livre de référence dans lequel sont enregistrés l’ensemble des transactions d’échange de valeur (Token). La monnaie est nommée : Coins

Le Bitcoin  

Le Bitcoin fut annoncé en 2008 et lancé en Janvier 2009. La réelle identité de son créateur, Satoshi Nakamoto, demeure aujourd’hui encore inconnue. Bitcoin ne dépend d’aucune autorité centrale. Son protocole est open-source (consultable par tous). Le nombre total de Bitcoins a été fixé à 21 millions qui sera probablement atteint en 2148. Ce chiffre ne peut pas évoluer. Actuellement, environ 17 millions de Bitcoins sont déjà en circulation. Journellement, 1 800 nouveaux Bitcoins sont créés et injectés automatiquement dans le réseau pour « récompenses de minage » pour les mineurs qui contribue à la vérification et la validation des blocks. Les Bitcoins sont achetés et stockés via des plateformes sur des portefeuilles électroniques. A chaque portefeuille est affecté une adresse spécifique codé propre au Bitcoin.
La valeur d’un Bitcoin dépend uniquement de l’offre et de la demande (volatilité). Lorsque les acheteurs sont plus nombreux que les vendeurs, son prix augmente mécaniquement. Le Bitcoin, compte tenu de sa notoriété, sert d’étalon numérique dans le secteur de la crypto-monnaie. A noter que l’anonymisation des portefeuilles entraine son usage comme la monnaie de facto de la cybercriminalité pour les échanges financier du dark net ou les paiements de rançons via les « ransomware » !
Après dix ans d’existence, le prix du Bitcoin est passé de zéro à 11 220 dollars et son volume de transactions a atteint plus de 338 204 transactions quotidiennes soit 4t/s alors que à titre comparatif VISA traite 45 000 t/s. Capitalisation boursière du Bitcoin 220 000 000 000 $. Un Bitcoin est divisible jusqu’au 8ème chiffre après la virgule. Cette unité (0,00000001 Bitcoin) est appelée un Satoshi.

Réseau décentralisé (pair à pair)

Un réseau décentralisé est composé par des nœuds (serveur) qui constitue le maillage. Chaque nœud est relié à plusieurs nœuds il existe plusieurs chemins pour aller d’un point à l’autre. Tous les nœuds sont connectés entre eux pour tenir à jour le grand registre. Les utilisateurs en charge de la validation est assuré par des « mineurs » qui selon des règles de consensus valident chaque transaction et sont rémunérés pour chaque nouveau bloc de la blockchain. Tous les échanges sont sécurisés par un dispositif de cryptographie asymétrique.

Le dispositif de Blockchain

Au début des années 1990, deux cryptologues américains, Stuart Haber et Scott Stornetta, imaginent un système de codage d’enregistrement sécurisé : au lieu d’être détenu à un seul endroit par une entité unique (individu, institution, « tiers de confiance »), chaque codage de chaque document doit être diffusé à un maximum d’exemplaires. Si briser un code détenu à un endroit est faisable, accéder à tous les exemplaires diffusés est plus difficile. Pour renforcer la sécurité du système, chaque modification du document fait l’objet d’un codage supplémentaire, ajouté au code antérieur, et l’ensemble ainsi rallongé est daté et publié à nouveau. Ils nomment ce dispositif la BlockChain.  Une blockchain est un registre numérique public où sont inscrit des transactions. Chaque utilisateur peut posséder une copie de ce grand livre de compte (qui est donc répliqué en permanence pour que tout le monde est la même vue du livre). La blockchain est découpée en blocs qui sont « chainés » les uns à la suite des autres. Chaque bloc peut contenir un nombre limité de transactions. Lorsqu’un bloc est plein, il est validé-écrit-répliqué et les transactions à venir seront  stockées dans le bloc suivant.

Schéma issu de la revue « Pour La Science », Mars 2018 #485

Le principe de Minage

Un mineur est un nœud du réseau dont le rôle est de sécuriser la blockchain. Les mineurs vérifient que les transactions du registre sont valides (le portefeuille de l’émetteur contient le montant échangé) et que le livre de compte n’est pas falsifié. Lorsqu’un bloc est validé par tous les mineurs (consensus) , il est ajouté à la blockchain par celui qui remporte une énigme cryptographique. Dans la blockchain Bitcoin, un nouveau bloc est généré toutes les 10 minutes (un bloc contient les transactions qui se réalisent sur le réseau). Ce nouveau bloc est généré par le premier mineur (ou un groupe de mineur) qui a résolu le problème cryptographique, sa solution est validée par les autres mineurs selon des règles de consensus et pour le récompenser, il reçoit des Bitcoins (récompense de minage). Les mineurs sont la base du réseau car ils permettent le bon fonctionnement de la blockchain en créant les nouveaux blocs grâce à la puissance de calcul de leurs ordinateurs qu’ils prêtent au réseau. Il faut noter qu’au début les mineurs étaient des particuliers qui mettaient leurs ressources informatiques à la disposition de la blockchain. Progressivement, sont apparus des sociétés de location de puissance via le « cloud computing », puis des coopératives de minage et plus récemment de véritables centres de puissance dédiés à cette activité. La Chine mine aujourd’hui 60% des blocks ! (le deuxième est l’Inde avec environ 4%).
De la pioche du mineur à l’excavatrice !
Les règles de consensus désignent le mécanisme par lequel les mineurs s’accordent entre eux pour déterminer si un bloc est valide ou non. Si un mineur ne les respecte pas, il est exclu du réseau par les autres mineurs. Ces règles permettent à tous les nœuds de se synchroniser sur l’état du registre. Les règles de consensus pour Bitcoin sont appelées « Consensus par Preuve de Travail ». Il existe d’autres forme de consensus pour d’autres crypto-monnaies. Ce protocole permet de sécuriser le réseau et éviter les fraudes.
Un bloc est miné toutes les 10 minutes et les récompenses de minage sont donc distribuées à cette fréquence. Aujourd’hui, la récompense est de 12,5 Bitcoins par bloc qui correspond au       1 800 Bitcoins émis chaque jour. Pour maitriser le processus, cette valeur est divisée par deux tous les 210 000 blocs (12,5 Bc puis 6,25 Bc puis 3,125 Bc etc.).
Pour les plus curieux…
La blockchain Bitcoin utilise le SHA 256 Hash . Chaque bloc possède une empreinte, trouver la clef de déchiffrement est mathématiquement impossible. Le créateur de l’ ensemble des algorithmes de hachage est la NSA. La modification d’un seul bit du message (une virgule, une lettre, un pixel d’une image) modifie complètement l’empreinte. Chaque block contient le hash du précédent ainsi est garantie l’inviolabilité de la chaîne de blocks.

Le consensus Proof of Work

Les règles de consensus par preuve de travail (Proof of Work) régissent le bon fonctionnement de la blockchain Bitcoin. La preuve de travail consiste à demander aux mineurs la résolution d’un problème cryptologique nécessitant une grande quantité de puissance de calcul informatique. Le premier mineur à résoudre ce problème mathématique est autorisé à créer le prochain bloc de la blockchain.  La difficulté du problème mathématique est ajustée en temps réel selon la puissance totale du réseau afin que les blocs soient toujours émis à intervalles réguliers (10mn pour BC). La preuve de travail rend les tentatives de piratage difficiles et protège des tentatives de spams pour surcharger le réseau.

Les inconvénients du POW

  Le processus volontairement intensif de minage impose à l’ensemble du réseau pair à pair une grande masse de calculs pour valider les transactions de la blockchain. Tous ces calculs consomment de l’énergie.  Début 2018, le taux de hachage du réseau Bitcoin tournait autour de 21 milliards de milliards de calculs par seconde pour exécuter la fonction de hachage SHA256. Des estimations fiables placent la consommation électrique annuelle du réseau Bitcoin aux alentours de 40 térawattheures, soit à peu près 10 % de celle de la France entière. Pour chaque transaction, le réseau consommerait en moyenne plus de 500 kilowattheures. L’empreinte carbone est estimée à 23 millions de tonnes de dioxyde de carbone (l’équivalent de l’empreinte carbone d’un pays tel que la Tunisie).

 Les alternatives proposées au POW

Ils existent de nombreuses alternatives à la preuve de travail (Proof of Work) :
– Proof of Stake : la sélection du mineur est aléatoire mais pondérée par la quantité de crypto-monnaie possédée par celui-ci. 
-Proof of Importance : sélection selon l’utilisation de la blockchain, l’ancienneté, la quantité de monnaie possédée et/ou autres critères.
-Proof of Activity : sélection selon l’activité effective du mineur, pour encourager à utiliser la blockchain.
-Proof of Capacity : sélection selon la capacité de stockage du mineur.
Il s’agit de trouver un équilibre entre des solutions qui réduisent les transactions entre les nœuds pour permettre un plus grand nombre de transactions et des validation plus rapides tout en évitant une plus grande centralisation, avec des risques de vulnérabilité, de censure et de cartellisation….

II le Projet Libra : pourquoi cet emballement médiatique ?

A ce jour nous pouvons constater que seules quelques cryptomonnaies ont pu émerger dans la sphère du grand public, notamment l’Ethereum (autour de 28O euros) ou le fameux bitcoin (à forte volatilité, autour de 11000 euros) dont à la fois l’origine et le succès demeurent énigmatiques. Cette profusion de cryptomonnaies ne semblait pas, jusqu’à une époque très récente avoir ému outre mesure les institutions étatiques et notamment, les autorités monétaires telles que banques centrales nationales, BCE ou Fédéral Reserve. Toutes se contentaient d’une posture du type : il faudra s’en occuper.

Pourquoi cette apparente indifférence ?

On peut évoquer les échecs[2] de certaines de ces cryptomonnaies provenant parfois d’intervenants prestigieux dont on attendait mieux, compte tenu de leur puissance et de leur emprise internationale, par exemple Amazon ?
On peut aussi évoquer le fait que pour quelques commentateurs ces monnaies étaient analysées comme les versions « haute technologie » des monnaies locales, d’inspiration altermondialiste, créées pour faciliter des échanges topologiquement situés, bref comme un essai un peu folklorique de réappropriation par les citoyens d’un bien commun : leur monnaie ?  
Le pouvoir régalien d’émettre de la monnaie est donc indissolublement lié au pouvoir politique et l’histoire de la royauté en France pour faire dominer sa monnaie sur les autres et la faire accepter par tous est là pour le prouver.
   Nous pensons que cette apparente indifférence est plutôt due au fait que la plupart de ces monnaies n’ont pas tenté de pénétrer dans le cœur du pouvoir monétaire : celui d’émettre un titre régalien, caractérisé par un pouvoir libératoire illimité, c’est-à-dire permettant l’acquisition de tous biens ou services offerts sur le marché. Il faut bien comprendre ce que signifie ce pouvoir régalien ; c’est le droit de créer, ex nihilo, de la valeur, certes dans le passé gagé sur le métal précieux ou les réserves de change mais aujourd’hui découlant et légitimé par la seule existence de la puissance publique. Cette dernière détient le pouvoir d’édicter la loi à laquelle nul ne peut échapper en raison du déroulement d’un processus de dévolution de ce pouvoir réputé démocratique ? Or il paraît impensable qu’une autorité privée si puissante soit-elle soit dotée d’un tel pouvoir. On peut étatiser les usines et même les banques, on ne peut pas privatiser la monnaie. Une monnaie privée est un oxymore, du moins le pense-t-on aujourd’hui en France si l’on en croit notre ministre de l’Economie Bruno Le Maire : « Que Facebook crée un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question. Ça ne doit pas et ça ne peut pas devenir une monnaie souveraine avec tous les attributs d’une monnaie c’est-à-dire la capacité à émettre un titre souverain et à servir de réserve.  AFP 18/06/2019
Voilà ce qui selon nous explique l’effervescence médiatique à l’annonce récente de l’un des GAFA : Facebook, aurait l’intention cachée de créer une véritable monnaie sous la forme apparente d’une cryptomonnaie ? On comprend alors ces réactions fiévreuses quasi instantanées[3] ? Certes, encore une minorité de commentateurs persistent dans une attitude sceptique[4]. Pour la majorité par contre, le projet Facebook Libra est incontestablement pris au sérieux. D’abord parce qu’il s’agit de Facebook et de ses 2,4 milliards d’utilisateurs ; ensuite, parce que, nous le verrons, dans ce projet Facebook ne part pas seul enfin parce que Facebook se montre humble en essayant de prouver que s’il est bien l’initiateur du projet il n’en sera pas le patron absolu[5].
Ajoutons enfin, l’existence d’enthousiastes convaincus aux Etats-Unis :
« I will send a case of champagne to David Marcus the guy who runs Libra, » Garlinghouse said of Facebook’s blockchain chief. Now big banks are likely to consider switching from the traditional SWIFT software used for cross-border payments in favor of newer alternatives, he said[6].
Mais aussi, soulignons les adeptes dans d’autres pays, par exemple au Japon[7]
Alors pour tenter un premier essai de compréhension de ce bouillonnement médiatique nous attirons votre attention sur deux points en formulant 2 interrogations :
– Le LIBRA n’est-il pas une vraie monnaie cachée (cryptée) sous l’apparence d’une cryptomonnaie ?
– Sa naissance ne survient-elle pas dans un environnement géopolitique complexe, conflictuel et imprévisible ? 

1° D’une cryptomonnaie à une monnaie cryptée

Le Libra se rattache certes au groupe des cryptomonnaie en ce que, créé par une organisation privée, il est une monnaie scripturale, fonctionnant grâce au jeu d’une structure algorithmique faisant appel à l’utilisation de la technologie blockchain. Beaucoup d’autres similitudes pourraient être relevées, mais aussi des nouveautés techniques exposées dans le livre blanc publié le 18 juin 2019 par Facebook pour exposer les grandes lignes de son projet[8]. Par exemple le recours à un « LibraBFT protocol » utilisant un langage Move, le tout permettant efficacité (consommation électrique réduite par rapport au bitcoin) et sécurité (tolérance aux fautes byzantines c’est-à-dire résistance aux tricheurs) ou encore un consensus obtenu par une preuve d’enjeu et non de travail[9]. Mais là n’est pas pour nous, le principal et surement pas, en tout cas, ce qui a déclenché la rapide attention des autorités monétaires rappelée ci-dessus. Nous nous limiterons ici à l’essentiel.    

  • Le Libra : une utopie ?

Soulignons d’abord que le Libra n’est pour le moment qu’un projet dont la réalisation est pourtant prévue à courte échéance puisque le fonctionnement réel est annoncé pour le premier semestre 2020. Le sérieux de cette démarche est attesté par la liste des personnalités qui l’ont conçu, à la demande de Marc Zuckerberg, personnalités dans lesquels figurent quelques-uns des meilleurs experts mondiaux des cryptomonnaies[10]. De même les importantes entreprises qui accompagnent la démarche de Facebook constituent un gage de sérieux augmentant la masse potentielle des utilisateurs. Notons en effet que dès le départ, Facebook n’est pas seul ; une trentaine d’entreprises connues au niveau mondial l’accompagnent ; il est prévu qu’elles seront vraisemblablement une centaine au moment de la mise en service du Libra. Cela représentera environ entre 3 et 3,5 milliards d’utilisateurs, potentiels, novation quantitative essentielle par rapport à tout ce qui précède, porteuse à l’évidence, de différences qualitatives. Dans l’équipe de départ un français, Xavier Neel et son groupe Iliad et des entreprises telles que « Visa, MasterCard, Uber, Bookings…auxquelles s’ajoutent quelques ONG dans le domaine de la micro finance, par exemple ».

  • Il suffit d’un Smartphone

L’objectif initial annoncé est que toute personne disposant d’un Smartphone puisse transférer immédiatement de l’argent sur n’importe quel point de la planète dans des conditions de rapidité, de coût et de sécurité plus avantageuses que celles relatives aux offres bancaires actuelles[11]. Mais plus intéressant encore est l’ambition d’aller au-delà et de pénétrer l’offre générale de services financiers et même de services commerciaux. Bref, on peut imaginer, un grignotage progressif de l’offre bancaire globale.   « Internet a tout numérisé sauf l’argent, résume David Marcus, le patron de la division blockchain de Facebook, et ancien de Paypal » rapporte Ingrid Vergara[12]. « Un peu à la manière d’un magasin d’applications sur smartphones, des entreprises externes, des commerçants, des développeurs pourront venir proposer des services ou de nouveaux produits financiers basés sur le Libra ». L’ouverture de champ d’action potentiel devient alors sans limite puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’une partie importante du commerce mondial !

  • Facebook, comme les autres : 1%

La gouvernance de l’ensemble est originale. Facebook a créé une filiale appelée Calibra qui va déployer le portefeuille du même nom permettant d’acheter des libras pour ensuite effectuer des paiements. Si Calibra est intégré à Facebook, Whatsapp, Messenger et Instagram, on pourra aussi l’utiliser sans avoir de compte sur ces plateformes. La gouvernance proprement dite sera représentée par un groupement dénommé « LIBRA Association », composée des entreprises partenaires et basé en Suisse. Chaque entreprise adhérente devra verser un minimum de 10 millions de dollars comme ticket d’entrée. L’association outre la gouvernance générale assurera la gestion de son fonds de réserve. Avant d’examiner ce dernier, soulignons qu’il s’agit bien là d’une gouvernance centralisée, qualifiée pourtant dans le livre blanc de décentralisée. Une telle gouvernance nous semble différente de l’esprit présidant à des cryptomonnaies telles que le bitcoin. Ce dernier présente d’ailleurs son automaticité de fonctionnement algorithmique comme un avantage du fait qu’aucun utilisateur ne peut prendre la commande du réseau. Pas de banque centrale dans le bitcoin pouvant par exemple décider d’acheter des créances d’entreprises ou d’Etats en créant de la monnaie. La philosophie du système est profondément différente. Répondant à cette question Marc Zuckerberg s’est empressé de préciser qu’il n’aura personnellement aucun pouvoir prépondérant ni a fortiori, droit de véto dans l’association LIBRA ; quel que soit l’apport initial, les droits de vote seront limités à un maximum de 1%, ceci s’appliquant à tous les tous les membres.

Confiance certes, mais aussi panier de devises


On sait que pour une monnaie la garantie de sa valeur est fondamentale. Le Libra sera doublement gagé, d’une part, psychologiquement, sur la confiance qu’inspirera la réunion d’entreprises importantes mondialement connues, mais aussi, plus concrètement, sur un panier de devises fortes dont le montant détenu et géré par l’Association sera équivalent à celui des Libras en circulation, au taux de 1 libra par unité de compte représentant ce mix de devises. Cela signifie qu’une augmentation de la masse des libras en circulation entrainera l’obligation correspondante de détention d’unités de compte. Ce lien est destiné à éviter l’aspect fortement volatil et donc spéculatif observé sur le bitcoin par exemple, dont le montant a été limité dès sa constitution à un maximum possible.
En conclusion ce projet ambitieux a suscité l’admiration des uns et de fortes réserves d’autres commentateurs. Parmi ces critiques nous en retenons deux émanant de la presse en ligne « Contrepoint[13] « :
a) Le niveau d’opacité et la traçabilité du système ?
«… une centaine de grandes firmes participeront à la validation des transactions et à leur écriture dans le – grand livre général -, on peine à voir où ce grand livre sera lisible, sachant que cette caractéristique – une publication au su et au vu de tous – est la base essentielle pour garantir la validité de ces transactions… le protocole autorise chaque utilisateur à conserver un pseudonyme et plusieurs adresses pour effectuer des transactions sur la chaîne, on comprend malgré tout que les transactions, elles, seront hautement traçables, à l’instar de Bitcoin mais avec votre compte Facebook au bout. Question anonymat et fongibilité, ce n’est vraiment pas ça ».
b) KYC et AML, toujours là ?[14] :
 « On peut donc ainsi garantir qu’il y aura des KYC et des AML, ce qui fera voler par la fenêtre les belles présentations précédentes expliquant vouloir offrir cette monnaie à ces milliards d’individus non bancarisés : comment être reconnu de façon crédible et passer ces filtres alors que dans beaucoup de pays l’acte de naissance, la carte d’identité ou les moyens d’identification ou de gestion de propriété privée (comme le cadastre par exemple) sont au mieux naissants, au pire inexistants ou complètement sujets à corruption ? »
Controversé ou pas le projet Libra impressionne par l’importance de ses cibles potentielles. C’est pourquoi certains commentateurs spécialisés s’interrogent sur les conséquences de l’émergence possible d’une monnaie privée mondiale en concurrence avec les monnaies nationales existantes. On assisterait alors à l’opposition d’Etats souvent fortement endettés (sous protection du « Quantitative Easing ») face à des institutions privées florissantes dont la puissance, souvent dénoncée, prétendrait se saisir du seul domaine qui lui était jusqu’ici exclu : la sphère monétaire. Comment tout cela pourrait-il évoluer dans un contexte géopolitique d’affrontement des grandes monnaies mondiales ? 

2° Le Libra dans un environnement géopolitique complexe

Pour introduire ce second point de simples interrogations suffisent.
Kim Jong-Un pourra-t-il détenir un portefeuille électronique de Libras ?  Plus généralement le Libra sera-t-il concerné par des sanctions internationales qui, quand elles concernent le dollar, permettent aux Etats Unis d’user du fameux principe d’extraterritorialité de leur législation. Aujourd’hui la réponse positive semblerait la plus probable. Pourquoi ? Il ne suffit pas de répondre brutalement : parce que les Etats Unis l’exigeraient et cela d’autant plus facilement que Facebook est une firme américaine. Mais au-delà[15] ?
Le pouvoir de battre monnaie au cœur du régalien.
Rappelons que le pouvoir de « battre monnaie » vient aux tous premiers rangs des pouvoirs régaliens, en raison des fonctions que joue la monnaie : instrument d’échanges, réserve de valeur et surtout création conditionnelle de valeur.
Instrument d’échange parce que la monnaie est un étalon permettant de donner un sens à un système de prix relatifs entre les biens échangés sur un marché et ainsi d’influencer fortement le pouvoir d’achat et donc le bien-être des citoyens.
Réserve de valeur, parce que la monnaie permet de se constituer une épargne et d’en fixer son prix, le taux d’intérêt, conditionnant par-là, le potentiel de développement d’une économie, ses possibilités d’investissement et donc l’avenir de ses citoyens.
Enfin, création conditionnelle de valeur parce que le détenteur du pouvoir monétaire peut créer autant de monnaie qu’il le souhaite tant que les citoyens ont confiance (fidus) en lui, déterminant ainsi l’avenir d’un gouvernement.
La création de monnaie fiduciaire constituera l’une des composantes principales de la politique économique d’un Etat dans son rôle de régulateur suprême de l’activité économique.  Ce préambule pour vous dire à quel point la monnaie fait partie intégrante des sphères politiques et géopolitiques. Le cas de la Grèce étranglée par l’Euro pour lequel elle n’était pas prête est là pour le montrer ou encore, le caractère de monnaie internationale du dollar qui explique pourquoi les Etats Unis peuvent se permettre d’édicter des lois applicables au-delà de leur territoire. 
Ainsi l’apparition d’une nouvelle monnaie, parée du caractère disruptif des technologies les plus récentes, susceptible de concerner des milliards d’êtres humains, avec des perspectives de domaines d’actions illimités n’est plus un événement économique mais bien un bouleversement géopolitique dont il faut nous efforcer de saisir la portée. Les réactions provoquées par le projet de Marc Zuckerberg en portent la trace comme nous allons le voir.
Les réactions au projet : avec Facebook, un changement de tonalité.
Les cryptomonnaies ont déjà suscité de nombreuses réactions (150.000 entrées sur Google) du fait de leur nouveauté et de leur caractère international, la Chine venant en tête mondiale pour leur utilisation.  Dans l’ensemble les réactions des spécialistes économistes, financiers, informaticiens, juristes, sociologues, politologues…[16] ont été plutôt positives, le débat étant dominé par des aspects techniques ou des questions ponctuelles telle que le blanchiment d’argent ou le caractère hautement spéculatif de certaines de ces monnaies. Évidemment, le concept de blockchain a été longuement étudié pour en montrer toutes les déclinaisons possibles tant sur le plan conceptuel que sur l’étendue des applications potentielles.Avec le Libra, pourtant, la critique a changé de tonalité[17], les aspects techniques sont passés au second plan au profit de questions, politiques (l’atteinte au régalien, surtout en période de contexte populiste), géopolitiques (la domination internationale d’une monnaie) et même sociétales (liberté individuelle et super big data, protection du consommateur).
Quelles sont ces critiques et qu’ont-elles en commun ?
Trois catégories de critiques :
a) Les blasés sceptiques Critique traditionnelle émanant de quelques commentateurs blasés : le Libra : un crypto de plus qui rencontrera à court terme un certain succès et qui finira comme les autres dans une utilisation ponctuelle spécialisée, n’ayant de monnaie que le nom.
b) Les prudents imprudents Critique prudente d’abord de commentateurs exprimant qu’il s’agit là d’un phénomène à réguler car on ne sait trop qu’elles en seront les conséquences[18]. Ainsi Benoît Coeuré, membre du Directoire de la BCE exprime très récemment à propos du Libra, un point de vue partagé par notre ministre de l’Economie Bruno Lemaire : « Il est hors de question que les grandes entreprises du Web puissent développer des activités de services financiers dans un vide réglementaire »[19]. Mais critique imprudente car encore faut-il se demander si nous disposons des moyens politiques nécessaires à remplir ce vide juridique. Quand on connaît le rythme de travail, l’efficacité et surtout le respect des engagements pris lors des grandes rencontres internationales (cf. accord de Paris sur le climat), il est permis d’au moins se poser la question !
c) Les radicaux légitimistes Critiques radicales enfin, minoritaires certes, mais tout de même significativement représentée, estimant qu’il faut tuer le Libra dans l’œuf et l’empêcher de naître…car le pouvoir régalien n’est pas partageable et puise sa source dans la volonté du Peuple exprimée par le vote démocratique de tous les citoyens.
Quelques mots sur ces légitimistes :
Le Groupe Facebook ne deviendrait-il pas une Banque Centrale ? 
Sur Atlantico, Michel Ruimy, Professeur à Sciences Po et économiste à la Banque de France, abonde en ce sens et n’exclut pas qu’une fois la valeur d’usage de sa cryptomonnaie développée, Facebook ait toute latitude pour faire évoluer sa “politique monétaire” et se mette à agir “non seulement comme une banque commerciale, mais aussi comme une… banque centrale”[20]. Ou encore : Gilles Babinet, vice-président du Conseil National du Numérique[21] « Il faut d’abord arrêter ce projet, et mettre en place une concertation avec les États, à commencer par le G7 ».
Le Groupe Facebook ne deviendrait-il pas trop puissant ?
Le temps n’est-il pas venu de le démanteler ? Est-il besoin, ici, de rappeler la tribune du New York Times, de : Chris Hugues, l’un des cofondateurs de Facebook avec Mark Zuckerberg, réclamant « le démantèlement du géant des réseaux sociaux, devenu un monopole gargantuesque dangereux pour la démocratie »[22]. Toute la presse internationale s’en est fait l’écho. De même, John Adams rappelle que[23]  le projet Libra met cette fois ci franchement les gouvernements face à leurs responsabilités quant à la protection de la vie privée de leurs citoyens ; les séances qui seront consacrées au Sénat américain au projet Libra et à Mark Zuckerberg son auteur, pourront aller jusqu‘à envisager une reconsidération du statut même de Facebook :
« Sherrod Brown (D, Ohio) has said Facebook is “too powerful” and contends Facebook is running a risky unregulated cryptocurrency out of a “Swiss bank account” (likely a reference to Libra’s corporate location) — and said he’s skeptical of Facebook’s promise to serve underbanked consumers ».
Face au Libra le refus de l’Etat ne serait-il pas logique ?
Ce refus s’explique d’abord en raison de ce qui est mentionné explicitement dans le projet :
Libra’s white paper refers to Libra as a “unit of currency,” a designation that could raise the ire of governments if viewed as a direct competitive threat to government-backed money”(John Adams).
Or le caractère monétaire du projet entraine une série de conséquences majeures possibles. Premièrement, l’éventualité d’une politique monétaire privée venant interférer avec les effets de politiques monétaires publiques[24]. Deuxièmement : un changement d’échelle dans le KYC (Know Your Customer) c’est à dire un changement d’échelle dans le Big Data donnant lieu à un ensemble de dérives relatives à la protection de la vie privée et à la commercialisation des données. Troisièmement, enfin,une formidable ouverture pour le blanchiment d’argent, AML (Anti-Money Laundering) conséquence du saut quantitatif énorme du nombre d’usagers potentiels du Libra et de l’extension progressive prévisible des domaines financiers et commerciaux accessibles à cette nouvelle monnaie[25].

Conclusion : Quel libéralisme ?

Alors un prodigieux avenir pour le Libra ? Seul le futur nous le dira[26] ; cette monnaie n’existant pas encore (et pouvant même ne jamais voir le jour) on comprendra que nous ne puissions conclure que sous forme interrogative :
1° Le libra deviendra-t-il une vraie monnaie internationale concurrente de celle des Etats et en outre, techniquement plus sure et plus démocratique ?
2° Le développement du Libra débouchera-t-il sur une politique monétaire privée interférant avec les politiques monétaires publiques ?
3° L’extension de champ du Libra cryptomonnaie accentuera-t-il la libéralisation du système financier mondial fournissant au blanchiment d’argent de nouvelles possibilités de prospérer au moment même où l’on s’efforce de le limiter.
4° Malgré toutes les promesses de cloisonnement des data, ne se dirige-t-on pas vers un renforcement de la connaissance profonde de notre intimité, au moment même où l’on cherche à mieux la préserver et où Facebook se trouve sur la sellette ?   
Oui, on comprend que cette fois ci l’alerte soit sérieuse, face à un projet pouvant donner lieu à beaucoup de questions.
Et pour finir, quelle sera l’attitude de Donald Trump, partagé entre l’avance prise par la Chine dans le domaine des cryptomonnaies et la menace que représente le Libra vis-à-vis du dollar ? Combattra-t-il franchement le Libra ou s’en servira-t-il comme vecteur de rattrapage de la Chine, leader en ce domaine ?
Nous nous trouvons là en pleine géopolitique avec en arrière-plan l’interrogation source :
En laissant faire ne peut-on craindre que trop de libéralisme tue le libéralisme ?


Références bibliographiques

[1] Trois raisons ont conduit Marc Zuckerberg à choisir le nom de LIBRA pour désigner la nouvelle cryptomonnaie qu’il se propose de créer « Le choix du nom Libra fait à la fois référence à la livre romaine, une unité de mesure du poids sous l’empire Romain. C’est aussi le sigle de la livre sterling britannique (£) et le signe astrologique de la Balance, symbolisant à la fois l’équité et la justice ». Ingrid Vergara : http://premium.lefigaro.fr/secteur/high-tech/libra-la-nouvelle-monnaie-de-facebook-qui-veut-revolutionner-le-paiement-20190618
Site internet de Libra : https://libra.org/fr-FR/?noredirect=fr-FR

[2] On se rappelle l’échec de « l’Amazon Coin » lancé en 2013, suivant il est vrai l’échec des « Facebook Credits » lancés en 2010. Ce dernier aurait-il encore une fois brûler la politesse à Amazon sur un projet d’une envergure, cette fois ci, sans commune mesure avec les essais précédents ? A noter pourtant que certains spécialistes ne qualifient pas ces tentatives comme des échecs mais comme des essais préparatoires à des opérations de plus grande ampleur.

[3] « It is an incredibly quick response, » said Scott Talbott, a senior vice president of government affairs at the Electronic Transactions Association, a trade group of banks, fintech firms and payments companies.  Ip, Greg : Wall Street Journal – Online Edition. 6/27/2019, p1. 1p

[4] Meyer, David  : 4 Reasons to be Skeptical About Facebook’s Libra Cryptocurrency. Fortune.com, 6/20/2019

[5] « One of they key factors in our decision to join was that we would in fact have—and all members would have—an equal vote, » Haun said.

Abril, Danielle : Andreessen Horowitz: How Facebook’s Libra Cryptocurrency Will Be Governed. Fortune.com, 6/20/2019

[6] Vanian, Jonathan Ripple CEO: Facebook Libra Cryptocurrency Push Makes Me Happy. Fortune.com. 6/24/2019 Voir aussi : Shen, Lucinda : Tala CEO: How Facebook’s Libra Cryptocurrency Can Help Companies Scale. Fortune.com, 6/20/2019. Pour l’injdustrie du luxe : Theodosi, NatalieFarfetch Backs Facebook’s New Blockchain Initiative. WWD: Women’s Wear Daily. 6/20/2019

[7] Nakamura, Yuji, Hagiwara, Yuki, Alpeyev, Pavel : Line Near Approval of Japan License for Crypto Exchange. Bloomberg.com, 6/20/2019

[8] Voir présentation en français, sur le site de Facebook dédié au Libra : libra.org. Le texte intégral en anglais : https://files.static-nzz.ch/2019/6/18/9b721442-c11d-4b56-89b9-dd03f3a7c8e1.pdf

[9] Brown, Aaron : Libra’s Technical Features Are Not What’s Exciting. Bloomberg Opinion, 6/24/2019

[10] Voir une présentation en français du livre blanc relatif au projet de Marc Zuckerberg et David Marcus le patron de l’équipe « blockchain » de Facebook : «The Libra Blockchain » publié le 18 juin 2019 sur le site dédié au libra :  libra.org 

[11] Thomas Jestin : « contrairement aux services mentionnés et à d’autres acteurs comme Transferwise, Libra ne supposera pas d’avoir un compte en banque. Contrairement à la plupart des cryptomonnaies, les transactions seront rapides : Libra pourra gérer 1000 transactions/seconde au départ, contre 7/seconde pour bitcoin à ce jour par exemple.

[12] Référence, plus bas.

[13] Notamment exprimées dans la presse en ligne : Contrepoints :  « Cryptomonnaie : le Libra sera libre comme les démocraties populaires sont démocratiques et populaires »file:///C:/Users/utilisateur/Desktop/LIBRA/Cryptomonnaie%20_%20le%20Libra%20sera%20libre%20comme%20les%20démocraties%20populaires%20sont%20démocratiques%20et%20populaires…%20_%20Contrepoints.html

[14] KYC connaissance du consommateur ; AML anti blanchiment

[15] Rappelons cette astuce des enseignants de management : posez au moins trois fois, à chaque réponse, la même question : pourquoi ?..).

[16] Cette énumération n’est pas exhaustive, ce qui doit réjouir les membres d’une académie « interdisciplinaire… »

[17] Weinstein, Austin : Electronic money; Monetary policy; Facebook Inc.; Criticism; Privacy Bloomberg.com. 7/3/2019

[18] Sindreu, JonCan Facebook’s Libra Avoid Regulators? History Suggests Not. Wall Street Journal – Online Edition. 7/5/2019

[19] Plus récemment, Ingrid Vergara qui suit ce dossier au Figaro (pages saumon le 12/07/2019 rapporte que le président de la FED Jerome Powell a, le 10 juillet, devant la Commission des Services Financiers de la Chambre des Représentants, exprimé « ses graves préoccupations » au sujet du projet Libra.

[20] LUCIE ORIOL Libra, la monnaie de Facebook, doit-elle faire peur aux États? Huffpost, 18/06/2019. https://www.huffingtonpost.fr/entry/libra-la-monnaie-de-facebook-doit-elle-faire-peur-aux-etats_fr_5d089067e4b0ea7c4a4ed3e3

[21] Ce que Gilles Babinet a omis de dire sur la nouvelle monnaie libra Par THOMAS JESTIN Contrepoints
https://www.contrepoints.org/2019/07/03/348221-ce-que-gilles-babinet-a-omis-de-dire-sur-la-nouvelle-monnaie-libra

[22] https://www.courrierinternational.com/article/technologie-faut-il-demanteler-facebook-oui-repond-son-cofondateur

[23] Adams, John : Facebook’s Libra will force a reckoning on crypto, privacy law. American Banker, 00027561, 6/28/2019, Vol. 184, Edition 124 Voir aussi : Congress requests hiatus on Facebook Libra. Blockchaintechnews.com, 6/20/2019

[24] « …un tel projet (Libra) a, selon moi, une nature politique. Je me souviens de ce que disait Peter Thiel, qui siège toujours au conseil d’administration de Facebook, lorsqu’il a lancé PayPal : il le voyait comme un moyen de contourner les États » Jestin

[25] Vergara : Facebook Inc. , qui opère Facebook, Instagram et les messageries WhatsApp et Messenger, n’aura donc pas accès aux données financières de Calibra, le portefeuille numérique que proposera Facebook pour stocker et d’utiliser ses Libra. Étant donné l’historique des fuites et utilisations de données à répétition, le groupe et ses partenaires vont avoir un gros travail de pédagogie pour arriver à convaincre les utilisateurs. …Et Facebook prévoit d’ores et déjà des exceptions : «Les cas limités dans lesquels ces données peuvent être partagées seront liés à la nécessité pour Facebook d’assurer la sécurité des personnes, de respecter la loi et de fournir des fonctionnalités de base aux personnes utilisant Calibra (…) et prévenir les activités criminelles».

[26] « Seule l’expérience dira si Facebook tient ses promesse car FB reste FB et dispose de quantités de ressources pour mener un projet » Wagner, Kurt Can you trust a libra? Bloomberg Businessweek. 6/24/2019, Issue 4619, p28-29.

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